18 mars 2012

À l'occasion du 8 mars,  journée de la femme, et ceci durant tout le mois, nous vous proposerons deux portraits hebdomadaires pour découvrir ou redécouvrir des femmes. Des femmes qui grâce à leurs luttes, leurs convictions, leurs engagements, ont permis au statut de la femme d'évoluer au sein de la société même si tout n'est pas encore acquis...

Dolores Ibarruri




Dolores Ibarruri

« No pasaran ! », ces mots résonnent encore parfois à nos oreilles, mais y mettons-nous aujourd’hui autant de passion que « La Pasionaria » ? Ces mots, Dolores Ibarruri les prononce en 1936, du balcon du ministère de l’Intérieur, lorsqu’éclate la guerre civile en Espagne et qu'elle défend la République. Mariée très jeune après un rêve impossible de devenir institutrice (sa famille manque d’argent pour payer ses études), elle aura six enfants. Ne survivent que deux d’entre eux, qu’elle enverra, après avoir quitté son mari et s’être installé à Madrid, vivre en URSS en 1935. Femme très engagée politiquement, elle se surnomme elle-même la Pasionaria pour signer des articles dans le journal Mundo Obrero. Présidente du parti communiste entre 1960 et 1989, elle est contrainte à l’exil en URSS (où elle acquiert la nationalité soviétique), loin de l’Espagne franquiste où elle est de nombreuses fois emprisonnée. Elle prouve, avec son énergie, sa pérsévérance, sa véhémence et sa violence parfois, que le combat politique n'est pas réservé aux hommes, et qu'une femme peut y jouer un rôle prépondérant. Ce combat l'a tenue debout, longtemps : elle s’éteint à 93 ans, en 1989, fidèle à ses paroles célèbres : "Mieux vaut mourir debout que de vivre à genoux!".  Rendons-lui hommage, ne laissons pas seulement les poètes tels que Pablo Neruda ou Rafael Alberti la chanter !

Eugénie Niboyet



 Eugénie Niboyet

Cette femme impérialiste, saint-simonienne et fouriériste, originaire de Genève, qui vécut entre Lyon et Paris, se démena pour de nombreuses causes : réforme des prisons, amélioration de l’éducation, abolition de l’esclavage dans les colonies françaises… Mais c’est dans la lutte pour l’émancipation des femmes qu’elle s’illustra. Mariée à un avocat qu’elle rallia à sa cause (ainsi que plus tard son fils), elle fonda en 1848 le journal La voix des femmes et organisa de nombreuses réunions de femmes, d’où n’étaient pas exclus les hommes. Loin de là : pour militer pour le droit des femmes, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues ! Malheureusement, ces réunions ont rapidement été interdites : proposant la candidature de George Sand à l’assemblée, que cette dernière désavoua, le cercle de femmes souleva une polémique loin de plaire au gouvernement. Eugénie s’exila, lasse d’une lutte vaine sans doute, mais pour mieux revenir, en 1860 et publier Le vrai livre des femmes. Elle mourut à 87 ans, nous laissant ces mots écrits dans une lette à ses sœurs : « Nous n’écrivons pas pour les esprits étroits qui veulent borner la femme aux soins du ménage. Les femmes n’ont plus à acquérir leur liberté, mais à l’exercer. » .

8 mars 2012

Louise Michel




Louise Michel

 Peut-être qu’elle aurait maudit cette journée de la femme, elle qui refusa un régime autre que celui des hommes lors de sa déportation en Nouvelle-Calédonie, en 1873. Elle, qui transforma toutes ses défaites en nouvelles occasions de victoires (loin d’être accablée, elle profita de son exil forcé pour instruire les kanaks et les soutenir dans leur révolte). Déportée après vingt mois de prison, pour avoir lutté pour un monde plus juste. Son combat ne se cantonnait pas à des paroles, mais à l’action, violente, offensive, brutale certes, nécessaire sans doute dans le Paris affamé des communards. Elle a commencé tôt, institutrice combattante, poète à ses heures sous le pseudonyme d’Enjolras, toujours aux côtés des travailleurs, blanquiste puis drapée dans le noir de l’anarchie. « Louve avide de sang » pour certains, « la bonne Louise » pour d’autres, elle ne serait pas de trop parmi nous aujourd’hui. Rêvons qu’elle aie fait des émules parmi les énarques de la promotion 84 qui porte son nom…. Bien avant 1968, elle portait le pantalon, bien avant 1981, elle se prononçait contre la peine de mort, et son roman La misère annonçait une crise sociale des banlieues, qui reste d’actualité…. Deux siècles plus tard. Une tombe fleurie, des noms de rue, une station de métro, un square, un nom de groupe : autant d’hommages rendus à ce visage féminin, emblématique de la révolution. Mais le plus bel hommage à lui rendre ne serait-il pas de ne pas saccager, ce qu’elle nous a légué ? Parce que la défaite commence là où s’installe l’oubli. Battons-nous avec au cœur le courage de Louise Michel.



7 mars 2012

Clara Zetkin





Clara Zetkin

Au pacifisme, plus effrayant pour le pouvoir que la brutalité, répond la prison. Clara Eissner l’a expérimenté, elle qui toujours a cru à une révolution sans violences. Adhérente au parti socialiste, l’exil l’éloigne de son pays sous Bismarck, en 1978. Prônant l’union libre, elle rencontre Ossip Zetkin à Paris, à qui elle empruntera le nom, sans passer par la case mariage. Y a-t-elle croisé Louise Michel ? Lutte des classes et lutte féministe vont de pair pour cette femme engagée. De retour en Allemagne à l’abrogation des lois anti-socialistes, Clara se démène au sein du secrétariat international des femmes socialistes. Nous lui devons notre journée, emblème d’une lutte toujours à mener. Elle mourrait une seconde fois, terrassée de constater que l’égalité professionnelle s’apparente encore, au 21ème siècle, à une chimère. Mais son combat aura au moins porté un fruit : les femmes accèdent au droite de vote en Allemagne dès 1918. En 1932, elle appelle à combattre le nazisme : contrainte de nouveau à l’exil, elle meurt à Moscou, dans une dernière opposition à Staline. Le combat jusqu’à mourir. L’idéal serait de ne pas avoir à lutter pour des évidences. Mais l’idéal n’existe pas.